A Dakar, Bah Oury compare Cellou Dalein Diallo à « un chef d’entreprise qui ne cesse de faire des faillites, (donc) la solution est de le remplacer »
- Par Administrateur ANG
- Le 21/04/2014 à 07:44
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De Paris à Conakry, en passant par Dakar, la rencontre était attendue. Très attendue. Et Bah Oury a beau anticiper en demandant au public d’éviter les questions politiques, se focaliser sur le thème central de la conférence (ethnocentrisme en Afrique) pendant son discours liminaire, il finira par se résoudre à venir là où tout le monde l’attendait : la crise à l’UFDG, agrémentée par sa récente suspension. Ou, plutôt, le public composé d’étudiants guinéens et de militants de l’UFDG au Sénégal réussira à l’y conduire, en lui bombardant de questions dans ce sens.
Dans un premier temps, Bah Oury, ne voulant visiblement pas parler de la crise qui secoue son parti depuis fort longtemps, a cherché à jouer au yoyo, en servant des réponses malicieusement détournées. « On ne peut pas être contre des méthodes anti démocratiques vis-à-vis du pouvoir actuel et accepter les mêmes méthodes dans son propre parti », lance t-il, en expliquant que son combat est de lutter contre « les dérives de nature stalinienne qui rongent » son parti. « Combattre toutes les formes de dictature dans mon parti est en cohérence avec ma ligne politique », insiste Bah Oury.
Mais, malgré ces premières salves, le public reste sur sa faim. Face à son insistance, le vice-président du principal parti de l’opposition guinéenne, et parrain du bureau fédéral dissident qui a été créé samedi dernier à Paris, finit par se lâcher. Il précise ainsi ne se sentir « nullement lié » à la mesure de suspension prononcée à son encontre par la Direction de son parti, il y a quelques jours. C’est un « détail » dira t-il, « par rapport au combat actuel et aux échéances prochaines ».
Sur les raisons de sa brouille, il en identifie trois. Il reproche ainsi à Cellou Dalein Diallo de ne pas accepter les divergences dans le parti d’où ses proches seraient exclus de la gestion, de ne pas avoir une position claire par rapport à l’attitude à adopter vis-à-vis du pouvoir, et de manquer de solidarité à l’endroit des militants arrêtés lors des manifestations et des exilés politiques.
Pour caricaturer ce qu’il appelle un « échec » de la gestion du parti par Cellou Dalein Diallo, Bah Oury utilise cette métaphore : « c’est à l’image d’un chef d’entreprise qui ne cesse de faire des faillites, la solution est de le remplacer. »
Si les réponses de Bah Oury ont suscité l’adhésion du public, il lui a toutefois été recommandé de militer en faveur d’une solution consensuelle.
A noter que la conférence s’est déroulée en présence des camarades de promotion de Bah Oury au lycée, à savoir Mamadou Lamine DIALLO, député et ancien candidat à la présidentielle sénégalaise de 2007, et de Madame Touré Thiam, sociologue et épouse du député Iba der THIAM. Cette dernière n’a pas tari d’éloges à l’endroit de Bah Oury, en expliquant les traits qui ont toujours caractérisés l’homme depuis le lycée.
Sur le thème proprement dit, Bah Oury a préconisé des pistes pour en finir avec l’ethnocentrisme en Guinée. D’après lui, il faut que le pouvoir soit décentralisé, partagé pour que chaque citoyen puisse avoir sa place dans la gestion publique. Faisant le parallèle avec des sociétés comme la France, il considère que le citoyen guinéen n’a pas de droit (sécurité sociale…) et, par conséquent, il n’y a presque « aucun avantage à être guinéen ». « Le citoyen doit être pris en compte peu importe son ethnie, ses origines et ses convictions politiques », relève Bah Oury.
Cheikh SARR
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