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A.C. est à virer !

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En Guinée, la Forêt brûle et ce qui s’y passe, sans donner du travail supplémentaire aux agents des Eaux et Forêts, nous interpelle tous. Des Guinéens en découpent d’autres à coups de coupe-coupe. Certains sont brûlés vifs, d’autres décapités. On se lapide et des coups de feu sont tirés.

Le comble de l’horreur. Je ne reprends aucun bilan car tout ce qu’on écrit est vite dépassé. Pour moi, un Guinéen mort par violence est toujours un mort de trop.

Le responsable ? Un soi-disant Guinéen, en particulier ! Les victimes ? Les Guinéens, en général !

On parle d’un affrontement entre Koniankés (variante locale de Malinkés, s’exprimant dans un « créole » malinké) et Guerzés. Des églises et des mosquées ont été brûlées mais le conflit n’est pas religieux. On a utilisé la religion comme indicateur. C’est peu fiable. Si les Koniankés sont pratiquement tous musulmans et perçus comme tels par les Guerzés, ceux-ci sont considérés par ceux-là comme des mécréants alors qu’ils sont en majorité animistes ou chrétiens. Certains Guerzés ont d’ailleurs embrassé l’Islam. Donc pas de « djihad » ni de « croisade ». Les lieux de culte n’ont servi que de refuges communautaires. Cependant, si le croissant n’est pas encore tout à fait vert en Forêt, la croix commence à y être rouge de…sang ! La bêtise humaine est telle qu’un Konianké ne se réfugiera pas dans une église et un Guerzé, même musulman, évitera, en période de conflit, la mosquée. C’est la perception qui prime et non l’appartenance.  C’est souvent cette erreur d’appréciation qui peut être à l’origine de bien de bavures.

En fait, les Koniankés, originaires de la savane et les Guerzés, véritables autochtones de la Forêt ont longtemps vécu en voisins et ont développé des échanges, souvent inégaux. Mais ce n’est pas parce qu’un voisinage a duré qu’il peut se prévaloir d’avoir été sans heurts entre des « colons » condescendants et des indigènes méprisés. Au complexe de supériorité et à l’arrogance des uns répond la méfiance justifiée des autres. Il n’est pas rare de voir des Koniankés épouser des femmes guerzées. C’est l’inverse qui est rarissime ! Vu sous cet angle on peut dire que l’herbe a souvent bousculé l’arbre !

C’est dans ce contexte qu’est apparu un certain aventurier très troublant : Alpha Condé. Depuis des décennies, chaque fois qu’il y a des troubles en Guinée, ce sinistre nom apparaît en filigrane. Lui qui n’est pas connu pour sa ferveur islamique s’était même déguisé, parait-il, en imam à Piné pour fuir après une forfaiture. Par sa politique discriminatoire, des « maisons de Dieu » ont été détruites. Il mériterait bien le titre de « Calife Général des Cafres ».

Il convient de rappeler que dans sa croisade anti nationale, AC avaient instrumentalisé les mêmes Koniankés pour attaquer les Peulhs installés en Guinée Forestière. Avant lui, il n’y avait jamais eu de conflit entre Peulhs et Koniankés. A cause de lui, la méfiance s’est maintenant installée entre deux communautés qui, géographiquement, ne sont pas voisines et n’ont aucun motif de se détester.

AC a toujours joué la carte ethnique dans la sous-région, même avant d’occuper la présidence de la république. Il se sert des Malinkés, méprise les Forestiers, manipule les Soussous et opprime les Peulhs. Il suffit de consulter les archives du web pour tomber sur ses déclarations fantaisistes et ethnocentristes qui sont d’une violence inouïe.

Qui avait qualifié certains de nos compatriotes de « mangeurs de singes » et de « buveurs de sang » ?

Qui avait dit que « tout Malinké qui voterait pour un Soussou est un bâtard » ?

Qui avait parlé d’un empoisonnement collectif de ses militants par les Peulhs ?

AC est une calamité. Lorsqu’à la suite du calvaire que vivent nos compatriotes de la Forêt, Rabiatou Diallo du CNT lance un appel au gouvernement, je trouve qu’elle se trompe lourdement. Le gouvernement de Saïd Fofana n’a rien à voir dans cette affaire criminelle dont l’unique responsable est Alpha Condé ! Ce n’est pas un appel qu’il faut lancer au gouvernement mais des pierres à AC.

Même Sékou Touré avait « condamné » à mort AC ; Lansana Conté, plus visionnaire qu’il n’en avait l’air, l’avait séquestré pour des motifs qui n’étaient pas que politiques ; Dadis Camara, qui pressentait certains coups s’en était méfié comme de la peste. Sékouba Konaté et Jean-Marie Doré qui l’ont porté au pouvoir, s’estimant mal récompensés, ont fini par le lâcher après l’avoir tout de même bien léché, du moins au niveau des médias car nul ne sait ce qui se passe dans la tête de ces deux messieurs.

Pour AC, tout problème guinéen, donc national,  a une solution ethnique :

- Les Soussous s’estiment-ils dépossédés depuis la disparition du général Conté ? Il faut les chouchouter en leur prêtant provisoirement, avec intérêt, la Primature et les Finances.

- Les Peulhs osent-ils réclamer leur part légitime du pouvoir politique ? Il faut leur briser le moral en en tuant les enfants et en asphyxiant économiquement ces « éternels insatisfaits ».

- Les Malinkés redoutent-ils l’arrivée d’un autre « Conté » ? Il faut les rassurer en restructurant ethniquement en leur faveur les forces de sécurité. A la mort de Sékou, Conté a pris le pouvoir. Certains ayant estimé qu’il n’en était pas l’héritier legitime, ce fut le « coup Diarra ». A la mort de Conté, Dadis a pris le pouvoir. Certains ont considéré que c’était un banal « accident de circulation ». Ce fut le constat peu amiable dressé par Toumba au profit de Sékouba Konaté qui a rendu, finalement, son permis de conduire à AC. Maintenant certains ont décidé de mieux verrouiller le système, avec la complicité du Général Cissé, originaire du Sénégal. Cet officier sénégalais a un comportement extrêmement nocif en Guinée où il couvre les restructurations ethniques de son manteau onusien.

Quand un groupe ethnique représentant à peine le quart de la population totale accapare, entre autres, au moins 80% des postes de l’armée, de la police et de la gendarmerie, on n’est plus dans une nation de liberté et d’égalité mais dans un système inégalitaire, clanique et répressif.

- Les Forestiers veulent-ils s’émanciper d’une tutelle séculaire pour retrouver pleinement leur dignité ? Il faut leur briser le moral en les terrorisant sur toute l’étendue de leur propre terroir.

Qui avait dit que Lansana Béavogui n’était pas digne d’occuper le fauteuil de Sékou Touré ? Pour une fois, ce n’était pas AC mais ça aurait bien pu être lui car il partage cette vision clanique du pouvoir !

AC reste encore, malheureusement, le Président d’une Guinée meurtrie. Mais se comporte-t-il comme un chef d’Etat ?

Alors que la Guinée brûle, il se pavane à l’étranger. Il s’est rendu au Nigeria au moment où le pays qu’il est censé incarner était à feu et à sang. En préférant Abuja à Beyla ou à N’zérékoré s’est-il montré digne de ses fonctions ? L’aventure étant sa nature, AC voyage beaucoup à l’extérieur. C’est le seul « président démocratiquement élu » qui a peur de rencontrer ses compatriotes en dehors de son Palais de « Sékoutouréyah ». A l’extérieur, il préfère se déplacer d’ailleurs la nuit.

AC pense-t-il régler le problème de la violence en Forêt en y envoyant des ministres originaires de la région?  Que peut faire Pivi qui a déjà lâché un autre fils de la Forêt, Daddis Camara humilié maintenant en permanence par AC ? Tiégboro peut-il inspirer confiance aux Guerzés ?

En réalité, AC est, intellectuellement, d’un bas niveau mais en matière de crimes, de mensonges et de manipulations, il crève le plafond. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas la Guinée, ce sont les potentialités minières de ce territoire. Un Président de la république, qui reste toujours président de son parti politique, qui cristallise les clivages ethniques est-il le mieux indiqué pour diriger un pays ? Un président qui, constitutionnellement, est le chef de l’armée nationale mais qui entretient une armée parallèle de « donsos » est-il à même d’assurer équitablement la sécurité de tous les citoyens ?

La Guinée était une nation en gestation mais avec l’arrivée à sa tête d’un individu comme AC, nous risquons un avortement très douloureux. Si nous voulons bâtir une nation, nous devons nous débarrasser d’AC au plus vite et, en même temps, éliminer toutes ces coordinations régionales dont le rôle néfaste n’est plus à démonter.

En effet, une coordination régionale a toujours été perçue comme le porte-parole du principal groupe ethnique de la région concernée. C’est très grave comme vision politique car la Guinée est un Etat unitaire bien qu’elle ne soit pas du tout unie, surtout en ce moment.

Dans l’esprit de tout Guinéen, la Basse Guinée appartient aux Soussous, la Moyenne Guinée est le pays des Peulhs, la Haute Guinée celui des Malinkés et la Guinée Forestière celui, justement, des Forestiers. Pourtant aucune région n’est entièrement homogène sur le plan ethnique. La coordination de la Basse Guinée acceptera-t-elle d’avoir, par exemple, un Condiano à sa tête ? Pourtant c’est aussi un Guinéen qui, peut-être, est né à Dubréka. Le Fouta se résoudra-t-il à être représenté par un Magassouba ? Un Zoumanigui osera-t-il briguer la magistrature suprême du Mandé ? Laissera-t-on un jour un certain Baldé de la gendarmerie nationale diriger la Coordination Forestière ?

Pour bâtir la nation guinéenne, il faut d’abord se débarrasser d’AC. Une fois l’Etat de droit instauré, les coordinations régionales n’auront alors plus leur raison d’être.

Pour terminer, une toute petite question: En ce moment, la priorité de la Guinée devrait-elle être l’organisation de législatives  pour le 24 septembre 2013 ou la recherche inlassable de la paix ?

Moralement, je crois inacceptable de mettre un bulletin dans une urne tachée de sang. Ce n’est pas parce qu’on aime la démocratie qu’il faut voter à n’importe quel prix.

Je vous salue.

Ibrahima Kylé DIALLO

Responsable du site www.guineeweb.net

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