30 juin 2013, une autre date pour les introuvables législatives
- Par Administrateur ANG
- Le 24/04/2013 à 21:57
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C'est en effet cette date qui a été, encore indiquée, cette fois par par décret présidentiel, pour convoquer les électeurs guinéens pour les élections législatives pour lesquelles, ciel et terre de Guinée ont été remués en tous sens.
Question incongrue: pourquoi des élections législatives dans une République de Guinée où la gestion de la chose publique, n'a jamais fait bon ménage avec le droit de la part des Présidents en exercice,jusqu'en cette année 2013? En outre, il existe, à présent, dans le pays , un tel éclatement du corps social de la nation qu'élections ou pas d'élections, il ne faut pas s'attendre dans l'immédiat à des changements notables, à moins qu'interviennent des évènements impondérables. Mais la langue de bois de bien des acteurs politiques qui occultent allègrement une question délicate, comme pour éloigner un mal dont- la simple évocation semble être un appel à une calamité sur le pays, ne laisse entrevoir dans ce pays que ce qui n'a toujours été que mensonges.
Je crains ,en tout cas, que les élections législatives tant attendues par tous, comme si elles devaient annoncer une ère nouvelle en Guinée, ne ressemblent, enfin de compte , à ces fruits qui n'ont pas tenu la promesse des fleurs. Mais ça ne serait pas une surprise pour un grand nombre de nos compatriotes. Sans aller trop vite,la date du 30 juin 2013, sera-t-elle tenue, cette fois-ci? Il n' y a rien de moins sûr, nous sommes en Guinée, où l'on a entendu et vu bien d'autres annonces. Sur cette question comme sur bien d'autres, il n' y a pas d'entente entre le pouvoir d'Alpha Condé et l'Opposition politique guinéenne. La presse guinéenne (toutes catégories confondues) a abondamment rendu compte de la réaction de l'Opposition face à la brusque décision de convoquer le corps électoral sans concertation, et en plein préparatif du dialogue entre le pouvoir et l'opposition. Il n'est donc pas nécessaire de revenir ici sur les éléments de la discorde .
De fait, il existe un tel océan de défiance entre le Président Apha Condé et l'ensemble des partis de l'opposition qu'on a l'impression que de sa part, c'est une fuite en avant, faite de petites tactiques et qui tient lieu d'armature politique, à Sékhoutouréya. On en est à un tel point de défiance qu'aucun des partis suivants n'a plus confiance ni dans les déclarations ni dans les entreprises du Président. Les roublardises du Président et ce que des membres de ses adversaires appellent son arrogance datent du temps de leur lutte commune contre le Général Conté. Pour rappel de ces partis d'opposition d'aujourd'hui, même s'ils n'existaient pas tous du temps de Conté, il faut citer l'UFDG de Cellou Dalein Diallo, l'UFR de Sidya Touré, le PEDN de Lansana Kouyaté, l'UFC d'Aboubacar Sylla, le RDIG, de Jean Marc Telliano, le MPR de Cheick Tidjane Traoré , le BL de Faya L Millimono, les NFD de Mouctar Diallo, etc. Même l'UGP de Jean Marie Doré qui se réclame du Centre, rejoint cette opposition sur la critique du comportement autocratique du Président Condé.
Autocratique? Oui! Pour ce que je sais, Alpha Condé n'a jamais su ce qu'est un débat contradictoire. Sa réplique habituelle est que personne ne peut lui donner des leçons de démocratie et de militantisme politique. L'envie me vient de dire, en quoi ce militantisme de 40 ans a changé le cours des choses en Guinée? Tous les partis politiques guinéens légalisés sous la dictature militaire en 1992, mais surtout la pression internationale sur les chefs d'Etat africains ont participé à l'apparition du multipartisme politique; (voir notamment Le Discours de La Baule , 1990**). Ce n'est donc pas le militantisme d'Alpha Condé, seul, qui a entraîné un quelconque changement dans notre pays. Ayons une pensée pieuse pour d'autres grands militants disparus, Ba Mamadou, Charles Diané, Siradou Diallo et d'autres, paix à leur âme. Il ne faut pas les oublier.
L'apprentissage du métier politique d'Alpha Condé?... Il ne l'a mené qu'en milieu d'étudiants gauchistes maoïstes des années 1960, sans connexion avec les réalités et où l'attrait pour les formules à l'emporte-pièce tenait lieu de programmes des changements futurs du monde; Ce ne qu'après 1992 qu'il le fera dans le RPG, en phase avec les réalités du terrain , encore qu'il était très souvent à l'étranger (en France, notamment) ,laissant les militants se débrouiller en Guinée. Mais, en gros, cette époque fut pour l'essentiel consacrée à l'apprentissage des méthodes de la manipulation , de l'intoxication et de l'obstruction.
Devenu, Président , sans le moindre passage de formation aux b.a.-ba d 'une administration ou d'un ministère;Alpha Condé a gardé les méthodes d'activisme de ses années d'apprentissage.
Les gros handicaps que des Guinéens ont pu observer dès sa prise de la présidence,se sont révélés par d'énormes cafouillages dans des signatures précipitées de contrats miniers. Ces handicaps étaient inscrits non seulement dans le parcours que je viens de signaler mais également dans le CV qu'il a présenté au peuple guinéen. Un handicap supplémentaire à son arrivée à la magistrature suprême a été son un âge ( 73-74 ans). Un âge où beaucoup d'hommes aspirent à une retraite professionnelle méritée. Mais dans son cas, nul ne peut dire avec précision, l'itinéraire professionnel dont il aurait pu clairement se prévaloir. On peut donc comprendre que la Guinée se sortira difficilement des inextricables difficultés dans lesquelles elle est toujours plongée. Ce, par une surestimation de soi, car disait-il dans une interview à Jeune Afrique, tout surveiller et tout contrôler personnellement. Cette irruption du personnage à ce niveau s'explique aussi par deux éléments: le niveau trop élevé dans le pays depuis la fondation de la République de ce qu'on peut appeler tout simplement la magouille. Découlant de ce premier élément,il y a toujours un niveau très faible de nombre de ceux qui s'intitulent gaillardement leaders politiques. On peut compter tout au plus une dizaine de leaders de niveau international, capables de contrer des marchands de rêves. Et encore.... Pour beaucoup d'autres l'alignement de mots sans signification , ne doit pas faire illusion.
Avec tout l'art dont il dispose, le Président guinéen n'aurait pas eu accès à la magistrature des pays voisins comme le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Dans ces cas, les Présidents Macky Sall et Alassane Ouattara, arrivés récemment au pouvoir, plus jeunes que leur homologue guinéen, avaient derrière eux des expériences de premiers ministres et d'autres hautes fonctions les ayant familiarisés à la gestion publique. Ils savent ce que sont les relations dans le travail gouvernemental à l'intérieur et à l'extérieur. Celui qui s'est figé au niveau de sa formation théorique de contestataire et dans l'image qu'il se faisait du rôle des Présidents autocrates africains des années 1960, et plombé en outre par le poids des ans, ne pouvait offrir que l'image affligeante d' une Guinée à terre que nous voyons, aujourd'hui. Le voyageur pressé ou même l'étranger résident ne perçoivent pas toujours tout le côté misérable de ce pays. En dehors des apparences pour faire comme tous les Etats; ce ne sont que des discours verbeux pleins de vacuité, face aux réalités terribles de régressions humaines; ce ne sont que de tout petits tripatouillages pour demeurer au pouvoir. Que les quelques Ministres et fonctionnaires de qualité qui émergent de ce panier de crabes guinéen , sachent qu'ils ne sont pas visés par ces observations.. C'est le Président qui donne à ce pays l'image d'un malheureux panier à crabes. A mi-mandat, que de montagnes de déceptions qu'il n'est que temps de dénoncer!
Comment, en effet, comprendre que le Président Alpha Condé ait torpillé le processus de facilitation du dialogue entre le pouvoir et l'opposition républicaine? « Le 12 avril, Ban Ki moon, le secrétaire général de l'ONU,a signé une lettre annonçant au Premier ministre guinéen la venue de la mission Djinnit. Le lendemain, Alpha Condé prenait son décret » de précipitation des élections (Christophe Boisbouvier,JA). C'est donc clairement qu'il manquait de sincérité dans sa déclaration de disponibilité à dialoguer avec l'opposition qui, depuis assez longtemps, connaissait les aspects retors du personnage. Les racines du mal guinéen actuel sont là. Elles résident en un homme très complexe. Un homme à l'égo surdimensionné, on ne sait sur quel substrat. Ce qui ne lui permet pas d' endosser l'habit d' homme d'Etat qu'il voudrait être. Mais il demeure comme un homme qui manque totalement de fiabilité et qui croit mener la Guinée à sa guise, en regroupant tous les autres partis politiques en satellites autour de son parti,le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). A l'instar du Parti démocratique de Guinée (PDG) des années 1954-1958, pour aboutir au système de Parti-Etat qui avait conduit le peuple de Guinée dans la vallée de la misère.
La brusque convocation du corps électoral pour le 30 juin cache mal ,sauf pour son initiateur, la tactique éprouvée et déjà arrêtée de tripatouiller les résultats des législatives. Mais l'intervention de l'ONU dans le processus du dialogue pour la préparation de ces élections était, pour lui un risque à ne pas prendre. En brusquant la date du 30 juin, le Pouvoir d'Alpha Condé sait pouvoir compter sur les instruments de l'Etat guinéen sous son contrôle : (fonctionnaires civils, militaires, police, gendarmerie, finances publiques, quelques notables régionaux stipendiés). Dans cette optique,le rêve d' obtenir une majorité de 90 députés à l'Assemblée nationale ne sera qu'un jeu d'enfant.
Pourquoi une majorité à tout prix.? On pourrait répondre que c'est comme cela dans les pays à démocratie avancée. Mais dans une nation encore en formation comme la Guinée avec autant d'impedimenta qui l'empêchent de décoller, de vrais hommes d'Etat auraient à souci de rassembler toutes les forces vives (pas forcément dans un parti unique), pour la bataille du développement.. Dans des pays à démocratie avancée, le ou la coalition de partis politiques ayant remporté les élections, gouvernent le pays jusqu'aux prochaines élections. Dans un pays comme la Guinée, devrait être trouvée une formule où le Président de la République ne devrait pas tout mettre en oeuvre, y compris la fraude avec l'usage de toutes les données de l'Etat, comme je l'ai rappelé, ci-dessus, pour gagner des élections. C'est cette pratique dictatoriale qu'Alpha Condé a tant dénoncée sous la présidence du Général Lansana Conté (1984-2008). Celui-ci s'était ingénié avec son parti, le PUP, à avoir une majorité écrasante à l'Assemblée, constituée de députés budgétivores, qui n'ont, de mémoire de Guinéens éclairés, absolument rien apporté à la législation guinéenne. C'est ce type de système que le Président guinéen veut mettre en place pour conserver le pouvoir , tout le pouvoir à sa dévotion. Mais qu'il se souvienne de ses deux principaux prédécesseurs (Sékou Touré et Lansana Conté) qui ont toujours eu une assemblée pléthorique à leur dévotion. Qu'en ont-ils fait pour la Guinée? Des courtisans, sinon, rien.
Ce qu'il faudrait pour la Guinée aux tensions sociales élevées à l'heure actuelle, c'est un partage du pouvoir qui associerait tout le monde à la construction nationale. C'est là, une voie incontournable de recherche de réconciliation et d'apaisement social, nécessaires au développement.. La concentration de tous les pouvoirs dans les mêmes mains est contre-productive. Il faut qu'enfin on comprenne cela en Guinée Quand la Guinée aura atteint un certain degré d'organisation démocratique, alors le ou les partis vainqueurs pourront penser exercer à eux (seuls) le pouvoir (et encore!). .
Pour l'opposition dans toutes ses composantes y compris le Centre, je sais, vous le savez qu'Alpha Condé vous livre , un harcèlement, que dis-je, une guerre permanente qui consiste à bafouer vos qualités de leaders reconnus, vos droits élémentaires de citoyens à travers vos réunions, vos manifestations pacifiques contre l'iniquité et le piétinement des lois de la République. Je sais, nous savons , vous savez que c'est un combat de pots de terre contre des pots de fer . Mais le vent nouveau qui souffle sur votre détermination collective, est porteur d'espoir collectif. Vous avez en face un homme qui dit et fait dire dans sa mouvance que les élections législatives sont incontournables pour débloquer l'enveloppe de 175 millions d'euros de l'Union européenne, ou pour attirer aux portillons de Guinée, un flux d'investisseurs. Il ne s'agit là que de hochets pour faire croire que ces élections lui tiennent à coeur. Alors , pourquoi, les avoir annoncées à plusieurs reprises de juin 2011 à juin 2013, sans passer à leurs réalisations? La vérité doit se situer ailleurs et elle doit être simple. A mon avis je crois qu'il a trouvé plus confortable de gouverner par décrets que par la présence d'une assemblée nationale dont la couleur ne lui paraissait pas acquise d'avance. Et de cette manière,le premier quinquennat peut se passer sans anicroches, tout en se fourbissant de diverses variétés de batteries de tactiques , tirées des biens collectifs,pour lever un second mandat. Enfin, le lecteur peut légitimement me demander , je suppose, ce que je pressens de la convocation du du 30 juin. Je ne suis pas l'Oracle de Delphes, mais je prends le risque, compte tenu du degré d'impréparation à cette date du 24 avril, de dire que les élections législatives n'auront encore pas lieu à la fin du mois de juin prochain ou si elles ont lieu à cette date; il s'agira des élections les plus décriées en ce début du XXIe siècle, non seulement en Guinée mais ailleurs dans les pays démocratiques et dans les organisations internationales.
Mais nous sommes tombés tellement bas, que l'image de la Guinée dans le monde est devenu le cadet des soucis des dirigeants du pays en exercice.
Ansoumane Doré
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